Celle qui danse avec les sourds
3 avril 2003
Durant une quinzaine de jours, une troupe de jeunes danseurs malgaches se produit en Suisse romande
Signe particulier : ils sont sourds. Mirana, leur chorégraphe, est à l’origine d’un projet de centre de formation adapté à leur handicap conçu comme une malédiction sur la grande île. Une chorégraphie sur des rythmes africains. Mais ici, les six danseurs n'entendent pas la musique. Ils la voient. Un long apprentissage de mémorisation et de nombreuses heures d'entraînement pour ces jeunes Malgaches sourds-muets. « Une fois les pas en place, je me retire peu à peu et deviens leur oreille », explique Mirana Rafanomezantsoa.
Depuis dix ans, la jeune chorégraphe se bat pour la prise en charge des malentendants de Madagascar. De passage en Suisse romande durant 15 jours, Mirana vient montrer le talent de sa petite troupe et récolter des fonds pour poursuivre son œuvre. « Ces jeunes ont longtemps travaillé pour ce spectacle. Je les oblige à fournir beaucoup d’efforts parce que je ne veux pas d’un public qui les prenne en pitié, mais de gens qui s’enthousiasment pour la qualité de leur prestation ». Le but paraît atteint, puisque Christian Vez, collaborateur protestant du Centre d'animation de jeunesse œcuménique (CAJO)à Yverdon-les-bains, note qu’il « faut souvent préciser que les danseurs sont sourds, parce que l’on ne s’en rend pas forcément compte ». Baptisée « Milay », leur tournée passe par des EMS, des institutions et des écoles. Et durant toute cette semaine, le groupe prendra ses quartiers à Sion Expo où il dansera plusieurs fois par jour.
§Superstition et absence de moyensSur l’île, la situation des handicapés reste précaire, autant par manque de ressources que par superstition ou méconnaissance: « La population de Madagascar confond la surdité avec un handicap mental voire même une forme de folie. Certains y voient même un signe de malédiction. Autant dire que la prise en charge dans des structures adaptées est quasiment inexistante », note Mirana. Il y a cinq ans, elle est venue se former à l’institut de pédagogie curative de Fribourg. Lorsqu’elle repart à Madagascar, trois ans plus tard, de liens d’amitié avec la Romandie demeurent, grâce notamment à une association de soutien.
Le CAJO fait également partie des institutions partenaires de ce projet. Cet été, sous l’égide de l’organisme « Jeunes sans frontières », les responsables d’animation jeunesse s’envoleront à Madagascar en compagnie de 35 adolescents pour participer à l'édification d'un lieu de formation professionnelle spécifique. « A l’heure actuelle, seule l’Eglise luthérienne s’en occupe, précise Mirana. L’accès à un métier ne concerne qu’une toute petite partie d’entre eux ». Grâce à la future école, financée par l’ONG « Nouvelle Planète », les jeunes handicapés pourront s’initier à de nombreuses professions, de l’informatique à la couture en passant par l’électronique ou la ferronnerie.
En juillet dernier, Juliane Dind a tout plaqué pour rejoindre Mirana et une autre collaboratrice. Educatrice spécialisée et co-présidente de l’association de soutien, la Suissesse compte rester encore plusieurs mois sur place pour apporter son aide. « Si cette visite en Suisse porte ses fruits, nous pourrons peut-être engager une ou deux autres personnes, car les besoins là-bas sont énormes ».
Depuis dix ans, la jeune chorégraphe se bat pour la prise en charge des malentendants de Madagascar. De passage en Suisse romande durant 15 jours, Mirana vient montrer le talent de sa petite troupe et récolter des fonds pour poursuivre son œuvre. « Ces jeunes ont longtemps travaillé pour ce spectacle. Je les oblige à fournir beaucoup d’efforts parce que je ne veux pas d’un public qui les prenne en pitié, mais de gens qui s’enthousiasment pour la qualité de leur prestation ». Le but paraît atteint, puisque Christian Vez, collaborateur protestant du Centre d'animation de jeunesse œcuménique (CAJO)à Yverdon-les-bains, note qu’il « faut souvent préciser que les danseurs sont sourds, parce que l’on ne s’en rend pas forcément compte ». Baptisée « Milay », leur tournée passe par des EMS, des institutions et des écoles. Et durant toute cette semaine, le groupe prendra ses quartiers à Sion Expo où il dansera plusieurs fois par jour.
§Superstition et absence de moyensSur l’île, la situation des handicapés reste précaire, autant par manque de ressources que par superstition ou méconnaissance: « La population de Madagascar confond la surdité avec un handicap mental voire même une forme de folie. Certains y voient même un signe de malédiction. Autant dire que la prise en charge dans des structures adaptées est quasiment inexistante », note Mirana. Il y a cinq ans, elle est venue se former à l’institut de pédagogie curative de Fribourg. Lorsqu’elle repart à Madagascar, trois ans plus tard, de liens d’amitié avec la Romandie demeurent, grâce notamment à une association de soutien.
Le CAJO fait également partie des institutions partenaires de ce projet. Cet été, sous l’égide de l’organisme « Jeunes sans frontières », les responsables d’animation jeunesse s’envoleront à Madagascar en compagnie de 35 adolescents pour participer à l'édification d'un lieu de formation professionnelle spécifique. « A l’heure actuelle, seule l’Eglise luthérienne s’en occupe, précise Mirana. L’accès à un métier ne concerne qu’une toute petite partie d’entre eux ». Grâce à la future école, financée par l’ONG « Nouvelle Planète », les jeunes handicapés pourront s’initier à de nombreuses professions, de l’informatique à la couture en passant par l’électronique ou la ferronnerie.
En juillet dernier, Juliane Dind a tout plaqué pour rejoindre Mirana et une autre collaboratrice. Educatrice spécialisée et co-présidente de l’association de soutien, la Suissesse compte rester encore plusieurs mois sur place pour apporter son aide. « Si cette visite en Suisse porte ses fruits, nous pourrons peut-être engager une ou deux autres personnes, car les besoins là-bas sont énormes ».