Livre: "La quête du sens" lance des pistes

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Livre: "La quête du sens" lance des pistes

26 juin 2004
« J’en ai marre d’exister sans vivre ! ». Cri de détresse d’un jeune qui se sent passer à côté de la vie
Quand les idéologies s’effondrent, la quête du sens se pose de façon lancinante. Dans un petit recueil, des penseurs de tous horizons ,- soufi, moines zen ou tibétain, médecin, prêtre, écrivains – proposent quelques pistes. Une invitation à se mettre en route.« Arrêtez le monde, je veux descendre ! ». A l’heure où tous les désastres du monde nous assaillent quotidiennement et où nous nous mettons à désespérer de l’homme et de Dieu, le slogan né en mai 68 exprime mieux que jamais le désarroi contemporain. A quoi sert la vie, pourquoi la mort, pourquoi tant de souffrances et de violences ? Quel parcours initiatique suivre pour retrouver une étincelle d’éternité ?

Faut-il absolument trouver un sens à l’existence, se demande le moine zen Roland Rech, quand dans certains moments de notre vie, la question s’évanouit ? ». La recherche de l’unité avec l’univers est l’expérience qui peut nous faire surmonter l’angoisse de la mort de devoir mourir un jour. Roland Rech estime qu’il faut essayer d’accomplir pleinement toute chose dans l’esprit du don et dans l’unité, sans recherche de profit, dans la conscience qu’en les accomplissant, on s’accomplit soi-même. « Si au moment de mourir, je passe en revue les dernières vingt-quatre heures et que je peux dire que j’ai été en accord avec ce que j’ai fait, qu’il n’y a rien en trop et qu’il ne manque rien, alors je peux mourir en paix ». Même appréciation de l’écrivain Christiane Singer, mais avec d’autres mots : «Quand les sens se réveillent et nous révèlent la merveille du créé, la question du sens pers son acuité, sa brûlure. Le fait de devoir mourir crée l’urgence à faire tout ce qui n’a pas été réalisé et redonne le sens de l’essentiel ».

« Si l’on arrive à la découverte qu’être, c’est être avec, poursuit le maître du zazen, alors tous les préceptes de l’éthique universelle trouvent leur fondement et leur signification profonde ». Le message d’amour du Christ ne dit-il pas la même chose, des siècles après la naissance du bouddhisme ?

Représentant du soufisme, Cheikh Khaled Bentounès ne dit pas autre chose en évoquant l’unité fondamentale de chacun, qui le renvoie à la fraternité universelle. Il s’agit pour le soufi, de se libérer, de s’alléger de son moi dominateur; de s’élever vers cet état d’universalité qui relie l’homme à la Création. Pour y parvenir progressivement, le soufi cherche à avoir une vie saine, à ne pas juger ni blesser autrui, ne pas lui nuire, mais aussi ne pas agresser la nature ; il essaie d’être présent dans chaque acte, chaque parole, chaque geste accompli, qui est accompagné par la présence divine. « A partir de là, écrit Bentounès, naît une détermination, une volonté mue par l’énergie de l’amour qui nous pousse, d’étape en étape, à réaliser l’homme universel ». La décadence actuelle dominée par un matérialisme à tout crin ne peut qu’aboutir à une renaissance, assure encore le religieux musulman. « Le fait que de plus en plus de gens aujourd’hui cherchent la vérité est porteur du signe d’une nouvelle espérance ». Et Bentounès d’espérer la venue d’un temps messianique où les hommes seront frères, où le lion ne mangera plus l’agneau, où l’argent n’aura plus aucune valeur. Où toutes les consciences seront éveillées.

Marie de Hennezel, spécialiste de l’accompagnement en fin de vie, elle, parle de l’ébranlement intérieur qui entraîne souvent un éveil de la conscience et permet de retrouver le sens qu’il faut chercher en soi, jamais en dehors de soi. Tous les intervenants ne disent-ils pas, en fin de compte, la même chose, quelle que soit l’approche : C’est en soi qu’il faut aider Dieu à redevenir vivant dans le cœur des hommes. La quête du sens, ouvrage collectif, 156 pages, juin 2004, Ed. Albin Michel