USA: malgré leur victoire dans l’Eglise presbytérienne, le nombre d'homosexuels dans le clergé devrait rester limité

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USA: malgré leur victoire dans l’Eglise presbytérienne, le nombre d'homosexuels dans le clergé devrait rester limité

13 mai 2011
Washington, le 13 mai (ENInews-RNS\Daniel Burke) – Mardi 10 mai, l’Eglise presbytérienne américaine a rejoint les rangs déjà étoffés des dénominations chrétiennes qui autorisent les homosexuels déclarés et en couple à faire partie du clergé. Mais cet élan pourrait bien s'essouffler.

Aux Etats-Unis, les presbytériens se mettent au diapason des luthériens, de épiscopaux et de l’Eglise unie du Christ. L’action de ces fidèles « a fait tomber les barrières officielles qui interdisaient l’accès à des positions dirigeantes aux homosexuels, aux bisexuels et aux personnes transgenres », a déclaré dans un communiqué une coalition de presbytériens favorables aux droits des homosexuels, selon l’agence de presse Religion News Service (RNS).

Cet élan en faveur du clergé homosexuel pourrait cependant bientôt s’arrêter. « Je ne vois aucune autre Eglise qui, en l’état actuel des choses, s’apprêterait à le faire », a affirmé Robert P. Jones, directeur de l’Institut public de recherche sur les religions, une société indépendante de recherche et de conseil.

Officiellement, cette barrière qui existait depuis des décennies au sein de l’Eglise presbytérienne tombera au mois de juillet. Cela fait suite au vote de fidèles du Minnesota qui se sont prononcés en faveur de l’abrogation de cette règle. Elle interdisait aux homosexuels sexuellement actifs de devenir pasteurs, anciens ou diacres. La nouvelle politique, décidée lors de l’Assemblée générale de l’Eglise l’été dernier, devait être approuvée par la majorité des 173 presbytères régionaux. Depuis 1997, trois propositions similaires avaient été rejetées au niveau régional.

« Tendre la main à une nouvelle génération »

Lisa Larges, une homosexuelle de San Francisco empêchée de demander l’ordination depuis 25 ans, a qualifié ce vote de « nouveau commencement » pour sa vocation et son Eglise. « Par ce vote, notre Eglise démontre qu’elle choisit de tendre la main à une nouvelle génération », s’est-elle réjouie. Mais au moment même où les chrétiens homosexuels se félicitaient de ce changement, certains reconnaissaient que des obstacles se dressent dans d’autres dénominations, en particulier dans les quatre plus importantes du pays: l’Eglise catholique romaine, la Convention baptiste du Sud, l’Eglise méthodiste unie et l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormons).

Ces quatre Eglises, dont les dirigeants ne semblent que peu enclins à accepter des homosexuels dans leurs clergés ou même les relations homosexuelles, totalisent presque 100 millions de fidèles. On peut rapprocher ce chiffre des moins de 11 millions de fidèles que rassemblent les quatre plus grandes dénominations autorisant les homosexuels dans le clergé. L’Eglise presbytérienne, par exemple, compte environ 2,1 millions de fidèles. « Je pense bien qu’il y a un élan dans cette direction », a déclaré la pasteure Rebecca Voelkel, ministre de l’Eglise unie du Christ et directrice de la branche religieuse de l'organisation National Gay and Lesbian Task Force. Elle ajoute: « Je ne pense cependant pas que cela arrivera très vite, et je ne crois pas que ce soit une évolution inéluctable. »

Les défenseurs des droits des homosexuels au sein de l’Eglise méthodiste unie (UMC), par exemple, travaillent en vain depuis des années pour abolir une règle qui qualifie l’homosexualité d’« incompatible avec l’enseignement chrétien » et interdit l’ordination des homosexuels non célibataires.

Jeunes évangéliques plus homophiles

Selon une étude conduite en 2008 par l’Institut public de recherche sur les religions, seuls 32% des pasteurs méthodistes sont favorables à un clergé ouvert aux homosexuels. « Ces données suggèrent que le clergé de l’UMC n’est pas prêt à soutenir l’ordination des homosexuels », a déclaré Robert P. Jones. L’UMC, qui compte quelque 12 millions de fidèles, connaît en outre une forte croissance en Afrique, une région du monde où les chrétiens ont tendance à avoir une vision conservatrice de la théologie et de la sexualité, selon Alan Wisdom, vice-président de l’Institut pour la religion et la démocratie, un groupe de réflexion conservateur de Washington.

Et si les enquêtes montrent qu’aux Etats-Unis, les catholiques laïcs acceptent de mieux en mieux l’homosexualité, leur hiérarchie y demeure fermement opposée. En effet, le Vatican a mis en place une enquête destinée à éradiquer « les comportements homosexuels » chez les séminaristes américains, après l’explosion du scandale des abus sexuels en 2002.

L’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui compte 6 millions de fidèles aux Etats-Unis et n’a pas de clergé à plein-temps, a déclaré l’année dernière que les homosexuels mormons célibataires, par ailleurs « méritants et qualifiés sur tous les autres plans », doivent être autorisés à être « appelés », c'est-à-dire à se voir confier des missions ecclésiales. Pour autant, l’Eglise déclare toujours que l’homosexualité « viole les commandements divins, est contraire aux objectifs de la sexualité humaine et prive les hommes et les femmes des bénédictions de la vie de famille et des recommandations salvatrices de l’Evangile ».

Robert P. Jones et d’autres sociologues affirment que les jeunes évangéliques sont plus homophiles que les générations précédentes. Cependant, la plus grande Eglise évangélique des Etats-Unis, la Convention baptiste du Sud, qui compte 16 millions de fidèles, campe fermement sur ses positions. L’homosexualité est « interdite et condamnée à la fois dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament », a-t-elle écrit dans une résolution datant de 2009 et qui, ayant été approuvée par une large majorité, qualifie par la même occasion le mariage homosexuel de « diamétralement opposé à la Parole de Dieu ». (909 mots-ENI-11-F-0057-JMP)