Conférence sur le climat: les dirigeants chrétiens tapent du poing
« Nous devons écouter les pays et les populations vulnérables, et penser à l’héritage que nous laisserons à nos enfants. Les Eglises devraient continuer à agir et à prier, en particulier en ce temps où nous nous préparons à l’événement de Noël, quand Dieu a envoyé son Fils, Jésus, sauver la planète que nous aimons », a dit le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE), dans une déclaration en date du 13 décembre.
Le prélat norvégien s'exprimait en marge de la conférence des Nations Unies sur le climat, à Durban, Afrique du Sud. Les responsables politiques y ont décidé de prolonger la validité du Protocole de Kyoto – bien que le Canada s’en soit retiré – et d’engager en 2015 des négociations en vue d’un nouvel accord juridiquement contraignant qui prendrait effet en 2020. La création d’un Fonds vert pour le climat destiné à aider les pays pauvres a également été décidée par la conférence qui s’est tenue du 29 novembre au 9 décembre.
Les changements climatiques causent de graves dommages aux pays africains, aux Etats insulaires du Pacifique et aux populations d’Amérique du Sud et d’Asie, ont constaté les observateurs issus de groupes religieux. Et cela malgré le Protocole de Kyoto adopté il y a huit ans pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon les dirigeants religieux, le problème devrait être abordé dans une perspective morale, éthique et spirituelle.
« Au bout de cinq ans, nous revenons en Afrique pour constater que les communautés de foi et la société civile sont toujours en train de plaider en faveur de la justice climatique et d’exiger qu’elle s’applique à toutes et à tous », affirme une déclaration du COE lue aux responsables gouvernementaux le 9 décembre par Elias Crisostomo Abramides, membre du Patriarcat œcuménique de Constantinople à Istanbul.
La justice et l’équité sacrifiéesJesse Mugambi, professeur de philosophie et d’études religieuses à l’Université de Nairobi, qui assistait à la conférence, a accueilli les résultats avec prudence, en observant que les pays industrialisés ne montrent guère d’empressement à tenter de mettre en place un accord sur la réduction des émissions.
« Il semble, pour les pauvres et les sans-pouvoir, que ce soit une affaire entre eux et leur Dieu. Ils ne doivent pas compter sur les nations riches pour les aider. La justice et l’équité ont été sacrifiées au profit », a déclaré le professeur Mugambi dans une interview téléphonique accordée à ENInews. « En 2020, cela fera cinquante ans que la première conférence s’est tenue à Stockholm (Suède). On constatera alors que les dirigeants régionaux se sont déchargés de leur responsabilité (de sauver la planète) pour la laisser à la génération suivante, ce qui est contraire à l’éthique. »
La présidente de l’Eglise unie du Canada, Mardi Tindal, qui faisait partie d’une délégation internationale de dirigeants d’Eglises, a écrit dans son blog le 9 décembre que l’aspiration à voir plus de détermination à agir que de politique est profonde.
« Nous, Canadiens, devons convaincre notre ministre et nos autres responsables politiques que nous sommes prêts à les suivre quand ils font des choses justes, et que le coût politique de l’action à entreprendre face aux changements climatiques n’est pas aussi grand qu’ils pourraient le craindre. En fait, cela pourrait signifier un gain politique pour notre gouvernement s’il était prêt à prendre la tête de l’action », a-t-elle conclu. (627 mots-ENI-11-F-0161-FN)