Au cours de ces violences, pas moins de 79 personnes ont péri et plus de 400 000 personnes se sont retrouvées sans abri. La semaine passée, plus de 30 000 personnes originaires du nord-est ont afflué dans les gares de Bangalore et des alentours après la diffusion de textes et d'informations sur les réseaux sociaux. Ils faisaient état de menaces proférées par des musulmans à l'encontre des migrants originaires du nord-est.

Des musulmans ont organisé une manifestation de grande envergure la semaine dernière à Mumbai et plusieurs personnes ont été passées à tabac dans la ville voisine de Pune, selon des médias. A Bangalore, cependant, des organisations musulmanes ont célébré l'Aïd al-Fitr, qui marque la fin du ramadan, aux côtés de non-musulmans originaires du nord-est.

« L'Inde appartient à tous. Vous serez ici en sécurité », a déclaré Syed Shah Shamsul Haq Khadri, un important responsable musulman de l'Etat du Karnataka, où se trouve Bangalore, tapant amicalement sur l'épaule d'un jeune homme apeuré originaire du nord-est, à l'occasion de la réunion de célébration de l'Aïd le 21 août.

« Nous invitons toutes les personnes du nord-est à revenir [...] Cette façon irresponsable de colporter des rumeurs doit être condamnée », a déclaré Anwar Sharief, président du Conseil du Jumma Masjid Trust. Celui-ci accueillait le rassemblement spécial de l'Aïd, où des responsables hindous et chrétiens se sont joints aux chefs musulmans.

« Cet exode ne se produit pas sans raison », a déclaré Rini Ralte, présidente du Département d'études féminines du Collège de théologie unie de Bangalore, au correspondant d'ENInews pendant la réunion de l'Aïd. « Mes amis du nord-est avaient fait état de plusieurs menaces proférées à l'encontre de gens comme nous dans la rue », a-t-elle précisé

Par ailleurs, le Mouvement des étudiants chrétiens de l'Inde (SCMI) a organisé un dîner de l'Aïd à Bangalore le 18 août, auquel des dizaines de jeunes du nord-est ont pu rencontrer des responsables et des jeunes musulmans. « Certains musulmans ont même proposé d'héberger des personnes du nord-est », a déclaré le pasteur Raj Bharath Patta, secrétaire général du SCMI, au correspondant d'ENInews.

Au moins un quart des 2500 membres de la paroisse de Zhabu Yimsung, pasteur de la Communauté chrétienne naga de Bangalore, ont fui la ville. Ses membres sont essentiellement des chrétiens baptistes originaires du Nagaland, un Etat du nord-est de l'Inde. « La plupart d'entre eux subissaient des pressions de leurs parents pour qu'ils rentrent chez eux. Les gens de la région ont d'amers souvenirs de conflits ethniques. J'espère qu'ils reviendront bientôt », a expliqué le pasteur Yinsung.

Tarun Gogoi, Premier ministre de l'Assam, a rencontré le 21 août les onze membres d'une délégation d'Eglise emmenée par le Conseil national des Eglises de l'Inde (NCCI), qui avait visité plusieurs camps de réfugiés dans les alentours de Kokraijhar.

Dans une interview avec le correspondant d'ENInews depuis Guwahati, capitale de l'Assam, Samuel Jayakumar, secrétaire de la Commission de politique, gouvernance et témoignage public du NCCI, a déclaré: « Le Premier ministre a même appelé les Eglises à mettre en place des mesures de consolidation de la paix. »

De son côté, le Lutheran World Service India Trust (LWSIT), programme associé du Département d'entraide mondiale de la Fédération luthérienne mondiale, a fait savoir qu'il renforçait ses services d'urgence pour venir en aide à 5000 familles dans 60 villages touchés par le conflit ethnique, par l'intermédiaire de son Eglise évangélique luthérienne. Le LWSIT a augmenté sa livraison d'aliments pour nourrissons, de vêtements, de produits d'hygiène, d'abris et de matériel de couchage, a déclaré son directeur exécutif, James Vijayakumar. (732 mots-ENI-12-F-0115-JMP)