En Suisse, les Églises occidentales et orientales ont envie de fêter Pâques à la même date

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En Suisse, les Églises occidentales et orientales ont envie de fêter Pâques à la même date

8 avril 2009
Alors que les catholiques et les protestants fêtent Pâques ce 12 avril, les orthodoxes vivront cette fête le 19 avril
L'an prochain la date sera par contre commune. Ce cas exceptionnel réjouit les Églises de Suisse qui souhaitent que cette fête chrétienne majeure soit fêtée par toutes les confessions en même temps, et qui y travaillent. L'année prochaine, Pâques sera célébrée le même jour par les communautés orthodoxes, catholiques et protestantes de Suisse, grâce au hasard du calendrier. Ou plutôt des calendriers, puisque les Églises d'Orient et d'Occident ne se basent pas sur le même calendrier (voir encadré).

Mais la Communauté de travail des Églises chrétiennes de Suisse (CTEC) souhaite dépasser la dimension calendaire, afin que tous les chrétiens de Suisse puissent fêter Pâques ensemble. Seule plate-forme oecuménique nationale, elle réunit des personnalités dirigeantes de 10 Églises des traditions catholiques, orthodoxes et protestantes (réformés, luthériens, baptistes, méthodistes, anglicans et armée du salut).

« Nous préparons une brochure sur les différentes traditions de Pâques pour les différentes confessions chrétiennes », explique Christiane Faschon, secrétaire générale de la CTEC. « C'est la CTEC du canton de Zurich qui la rédige, et nous souhaitons la diffuser au niveau national », précise-t-elle.

Prévue pour novembre, l'édition de cette brochure se heurte pourtant à une réalité bien matérielle: les moyens des Églises membres. « Les Églises cantonales sont intéressées, mais elles hésitent à s'investir financièrement. Les temps sont durs, nous sommes en train de discuter, des Églises doivent trouver des moyens », indique Christiane Faschon.

Célébrer Pâque ensemble

Les Églises suisses ont déjà manifesté par le passé cette envie de célébrer Pâques en commun. Elles avaient fait des propositions en ce sens lors du troisième rassemblement oecuménique européen de Sibiu (Roumanie) en septembre 2007. « Que tous les croyants fêtent à la même date serait un témoignage concret de recherche d'unité, dans nos communautés chrétiennes mais aussi envers le monde », déclaraient les délégués.

Si elle a suscité la surprise des autres délégations européennes, cette proposition traduit pour Christiane Faschon la réalité forte de l'oecuménisme en Suisse. « Nos communautés ne sont pas trop grandes, et nos relations sont bonnes entre les communautés de toutes les traditions », relève-t-elle.

Si fêter Pâques ensemble est une perspective envisageable en Suisse, il n'en est pas de même partout. « J'ai parlé récemment, de manière informelle, à quelques responsables religieux de Jérusalem, explique Mme Faschon. Ils craignent les années où les fêtes de Pâques convergent. Cela est toujours difficile, il y a beaucoup d'agressivité et parfois des affrontements. »

Le père Milutin Nicolic, membre du comité de la CTEC pour l'Église orthodoxe serbe, rappelle que rien de concret n'a été décidé pour les fêtes de Pâques de l'année prochaine. « Mais nous sommes vraiment intéressés à l'idée de faire des célébrations ensemble les années où nos fêtes concordent », a-t-il déclaré.

La fête de Pâques sera conjointe aux calendriers julien et grégorien en 2010, 2011 et 2014. La CTEC souhaite vivre des célébrations pascales communes ces années là, sa brochure est prévue à ce titre à moyen terme.

Remarque: Le site Internet de la CTEC publiera en temps voulu la brochure en question ainsi que le calendrier des événements locaux et cantonaux.

Des "controverses pascales" à l'unité
Les premiers chrétiens célébraient Pâques en fonction de la Pâque juive. Il y eut ensuite le besoin de se démarquer et faire en sorte que la fête soit célébrée un dimanche – jour de résurrection du Christ. Le Concile de Nicée décida donc en 325 de fixer la date de Pâques au premier dimanche qui suit ou coïncide avec la première pleine lune après le 21 mars, début du printemps. On observait alors le calendrier julien, calendrier solaire de l'Empire romain. C'est encore ce calendrier qu'adoptent bon nombre d'Églises orthodoxes, dites orientales, dont l'Église russe. Les Églises dites occidentales – les catholiques et les protestants – calculent la date de Pâques en se basant sur le calendrier grégorien, utilisé généralement dans le monde entier. C'est le pape Grégoire XIII qui réforma le calendrier en 1582, changeant ainsi la date de Pâques.
Les désaccords entre communautés chrétiennes sur la date des célébrations de Pâques – « les controverses pascales » – ont fait l'objet de nombreuses discussions au cours des siècles, notamment ces dernières décennies, au niveau le plus élevé. Le Conseil oecuménique des Églises (COE, la plus grande communauté d'Églises mondiale) avait formulé une proposition en ce sens en 1997. Le secrétaire exécutif auprès de la Commission « foi et constitution » du COE, déclarait il y a quelques années que la célébration de Pâques à différentes dates par les Églises était un « terrible contre-témoignage pour l'unité partagée en Christ. C'est la fête centrale de la foi chrétienne. Une façon importante de montrer notre unité serait que tous les chrétiens la célèbrent ensemble chaque année. »