"Le clandestin et son Van Gogh" , nouveau spectacle de la Compagnie de la Marelle:Edith Cortessis se met dans la peau d'un sans-papiers

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

"Le clandestin et son Van Gogh" , nouveau spectacle de la Compagnie de la Marelle:Edith Cortessis se met dans la peau d'un sans-papiers

11 octobre 2007
Son métier est de raconter des histoires : celles des autres, mais aussi les siennes
Comédienne, Edith Cortessis s’est enhardie un jour à écrire ses propres pièces. La Compagnie de la Marelle, dont elle est l’un des membres fondateurs, a mis en scène cet automne son troisième texte, « Le clandestin et son Van Gogh », qui s’attache à l’humanité d’un Kurde sans-papiers, engagé comme gardien de musée. Le spectacle tournera dans toute la Suisse romande dès le 27 octobre, de Genève à Tavannes, de Fribourg à Neuchâtel, de Lausanne à St-Imier. Portrait de l’auteure dans l’ancienne chapelle qui lui sert de demeure.

Il y a très longtemps, Edith Cortessis était institutrice. Elle rêvait d’être comédienne et prit des cours de théâtre avec Jane Savigny. Avec son mari André Cortessis et Jean Chollet, qui dirige aujourd’hui l’Espace Culturel des Terreaux à Lausanne, ils créent La Compagnie de la Marelle. Bien décidés à vivre du théâtre, les trois complices se font saltimbanques. Ils sillonnent la Suisse et la France pour présenter leurs spectacles, de salles de paroisse en églises. Ils assurent 150 représentations par année, un tour de force. « Au début, on était des bleus, et puis le métier est venu », explique-t-elle. Aujourd’hui, plus de 30 ans après les débuts de la Compagnie, Edith et André Cortessis poursuivent l’aventure mais leur tournée a été un peu raccourcie et le nombre de représentations, ramené à une centaine.

A la naissance de sa première fille, Edith Cortessis se met à écrire, d’abord des nouvelles, que personne n’édite. Elle se contente alors d’adapter des textes pour la scène, s’essaie à de courtes pièces qui ont du succès. Alors, elle s’enhardit. Imagine un spectacle autour des questions posées par les internautes sur le site de l’Eglise réformée vaudoise (EERV), questiondieu.com. Le spectacle est monté par la Marelle en 2003. Suit sa seconde pièce, « L’été indien », où elle raconte l’histoire d’une vieille dame dans un EMS, qui a un peu perdu la tête. Sa façon à elle, l’âge venant, d’apprivoiser l’idée du grand âge, mais aussi de rendre hommage à son propre père. La pièce est jouée en 2005. L’année suivante, elle remet ça avec « Le clandestin et son Van Gogh. Toujours taraudée comme une débutante par l’inquiétude. Est-ce que ça marchera, le public la rejoindra-t-elle dans ses préoccupations, son approche de la difficile réalité quotidienne des requérants d’asile ?

Edith Cortessis aborde les questions de société et d’éthique à sa façon, très concrète et physique. Ce qui l’intéresse, c’est le parler vrai, c’est l’humanité des gens, les liens qu’ils tissent entre eux, les solidarités qu’ils construisent peu à peu. Les statistiques ne l’intéressent pas, seuls les hommes et les femmes qu’il y a derrière les chiffres comptent. Edith Cortessis est attentive à ce qui les fait vivre et souffrir, elle engrange leur vérité pour la restituer ensuite dans des dialogues.

Elle aime tout particulièrement le théâtre intimiste. Sa pièce fétiche : « La ménagerie de verre » de Tennessee Williams. Son rêve : chanter dans un chœur, mais les tournées de la troupe, une centaine de représentations par an chaque fois dans des lieux différents, ne le lui en laissent guère le loisir. Alors elle écoute les autres chanter. Dans ses moments libres, elle se promène en forêt, tout près de la chapelle désaffectée, qui sert de maison aux Cortessis et abrite la salle de répétitions de la Compagnie de la Marelle à Vernand. Ces balades lui permettent d’écouter sa petite voix intérieure et de mûrir ce qui donnera corps à un prochain spectacle.