"La nuit des oliviers" d'Eric-Emmanuel Schmitt au Théâtre du Petit Montparnasse à Paris:Jésus seul sur la scène dans un poignant monologue
20 janvier 2005
Il fallait pas mal de culot pour donner la parole à Jésus seul sur scène pendant une heure et demie, en proie au doute à la veille de son arrestation
Eric-Emmanuel Schmitt a osé. Il a réécrit pour le théâtre le début de son roman « l’Evangile selon Pilate ». Résultat : « La nuit des oliviers », dont les premières représentations viennent d’avoir lieu au théâtre du Petit Montparnasse à Paris, alors que sur la scène d’à côté, Jacques Weber fait salle comble avec « L’Evangile selon Pilate ». On y découvre une histoire qu’on croyait bien connaître mais qui nous apparaît fidèlement et radicalement nouvelle. Poignant.Comment en est-il arrivé là ? Est-il bien le Messie ? Yéchoua, étendu les bras en croix dans la lumière dorée du crépuscule, se relève, se défait de sa veste, puis de son keffieh et de son gilet, alors que le soleil remonte à l’horizon, et se lance dans un monologue qui suit son cheminement intérieur. Se révèle alors un homme étonnamment jeune, presque un gamin, au corps vigoureux et aux intonations ardentes, qui tente de comprendre son parcours, mais qui n’a aucune conscience d’un destin particulier. Lui, le Messie ? Si Yohanan le Plongeur le reconnaît et le désigne, c’est tout simplement parce qu’ils sont cousins ! Pourtant, au fil du temps, Yéchoua se découvre progressivement. Schmitt tente alors une hypothèse : Et si Jésus de Nazareth, prenant progressivement conscience de ses dons, de ses obligations, se résout finalement à jouer son rôle, non pas pour lui, mais par amour pour les autres. L’écrivain, décidément inspiré, imagine les pensées qui remplissent les creux de l’histoire de Jésus, son enfance, sa vocation, ses silences entre ses discours officiels, ses doutes, sa peur, le dernier soir avant sa mise à mort. Parti audacieux d’un auteur définitivement conquis par la « conception amoureuse » que Jésus avait du monde et des autres et de sa compassion. « Si Dieu n’est que le meilleur de l’homme, alors c’est déjà beaucoup !», écrit Eric-Emmanuel Schmitt dans le programme du spectacle. Et de préciser encore: « De tout ce que j’ai écrit, « La nuit des oliviers » est sans doute le texte que j’ai désiré le plus longtemps. Je l’ai rêvé sans l’écrire. Des années, j’en avais peur ». Le résultat : une prose limpide, maîtrisée à chaque mot, qui donne aux messages spirituels de Jésus une force qui ébranle. Et si tout ça, c’était vrai ? Et si… Schmitt, lui, a choisi, et apporte aux mots la lumière de la grâce.
Au texte prenant d’Eric-Emmanuel Schmitt, le comédien Frédéric Quiring ajoute sa spontanéité et ses ardeurs juvéniles déroutantes dans un premier temps, mais qui rend caduques les clichés et les images saint-sulpiciennes du Jésus des chromos qui traînaient peut-être encore dans les esprits. On lui doit un coup de jeune vivifiant. La mise en scène, esthétique et très dépouillée de Christophe Lidon, privilégie la mise en lumière du comédien et de son espace intérieur. Là où tout se joue.
Au texte prenant d’Eric-Emmanuel Schmitt, le comédien Frédéric Quiring ajoute sa spontanéité et ses ardeurs juvéniles déroutantes dans un premier temps, mais qui rend caduques les clichés et les images saint-sulpiciennes du Jésus des chromos qui traînaient peut-être encore dans les esprits. On lui doit un coup de jeune vivifiant. La mise en scène, esthétique et très dépouillée de Christophe Lidon, privilégie la mise en lumière du comédien et de son espace intérieur. Là où tout se joue.