Prix Farel 2004 à Neuchâtel:Les émissions religieuses à la télévision entre exigence et refus du prosélytisme
8 octobre 2004
Le 20e Prix Farel 2004 a été attribué à Neuchâtel mercredi soir à « Croire au Cambodge », saluant l'approche symbolique et métaphorique employée par le réalisateur de l'émission « Le Jour du Seigneur » diffusée sur France 2 pour aborder la question du pardon et de la réconciliation après le génocide
Ce Prix oecuménique, décerné tous les deux ans, distingue les meilleures émissions religieuses francophones. Mais ces dernières ont-elles encore leur raison d'être dans le paysage télévisuel laminé par la course à l'audimat? Les émissions religieuses présentées à la 20e édition du Prix Farel a montré, par leur qualité, leur ouverture, leur approche sensible, l'émotion qui s'en dégage parfois, et par l'absence de tout prosélytisme, qu'elles ont trouvé leur voie en défendant les valeurs enracinées dans l'Evangile mais universelles. La vocation de telles émissions, produites par les Eglises, n'est pourtant pas évidente dans le paysage télévisuel actuel, de plus en plus dominé par l'obsession de la concurrence. Ont-elles encore leur place à la télévision, et pour plaire au plus grand nombre, ne se soumettent-elles pas exagérément au formatage télévisuel pour satisfaire aux exigences du média ? Telles sont les questions que s'est posé, de façon un brin provocante, l'un des membres du jury, Vincent Adatte, critique de cinéma à Neuchâtel, a rédigé unârticle dans le dernier numéro de La Vie Protestante neuchâteloise et de La Vie protestante BE-JU. L'auteur se demande si l'Eglise doit se couler dans le moule de la télévision pour faire de l'audience et si elle a raison de vouloir s'adresser à une hypothétique « église invisible », virtuellement rassemblée ? Pas de fantasme d'évangélisation de masseA cette question, Daniel Wettstein, producteur des émissions protestantes à la Télévision Suisse Romande (TSR) réagit : « Les Eglises de chez nous n'ont aucun fantasme d'évangélisation de masse, comme c'est le cas par exemple aux Etats-Unis avec les télévangélistes. Nous avons à communiquer quelque chose de la dimension spirituelle qui puisse nourrir l'humain, qui a sa place dans la grille des programmes, ux côtés des reportages sportifs, de l'actualité politique et des divertissements. S'il est important pour les Eglises de continuer à exposer le témoignage chrétien sur la place publique, les émissions religieuses ne sont en aucun cas la vitrine des Eglises ». Le producteur rappelle que l'attention aux publics minoritaires fait partie de la vocation de service public de la Télévision Suisse Romande.
Même son de cloche du côté de France 2 : Rémi Bossard, producteur adjoint des émissions catholiques « Le Jour du Seigneur », précise que les reportages qu'il produit correspondent à la vocation de service public de la chaîne . « En France, la laïcité garantit la pluralité, cette dernière est inscrite dans la loi, ce qui permet à l'ensemble des confessions et des religions de proposer leur regard sur la société ».
Mais faut-il que les émissions religieuses adoptent un profil bas pour se fondre dans le paysager médiatique ? Alain Normand, responsable de l'agence Media Communication Evangélique à Couvet, qui diffuse des moyens audiovisuels, estime pour sa part qu'il vaut mieux prendre le risque de n'être compris que d'un petit nombre, plutôt que de chercher à s'adapter à tout prix, à diluer le message qu'on veut faire passer pour rejoindre le plus grand nombre de téléspectateurs, « au risque que l'Evangile ne soit plus du tout compris dans son essence ».
A sa façon, le palmarès du 20ème Prix Farel apporte un élément de réponse : le jury a renoncé cette année à décerner un prix dans la catégorie des émissions dites « profanes », déplorant leur manque de rigueur. une façon de souligner et de saluer le professionnalisme et la liberté des producteurs, réalisateurs et journalistes au service des Eglises. Et de défendre en quelque sorte les émissions dites "religieuses". Le jury a confirmé son opinion en décernant une mention à une autre émission , également " religieuse", produite cette fois-ci par Présence Protestante , «Les gros mots de la foi : la grâce », diffusée sur France 2. Ce film de 30 minutes cherche à cerner ce que signifie la notion de « grâce » et en propose une définition artistique, philosophique, poétique et théologique. Un travail remarquable accessible à tous les publics, à mille lieues des sermons des télévangélistes.
Même son de cloche du côté de France 2 : Rémi Bossard, producteur adjoint des émissions catholiques « Le Jour du Seigneur », précise que les reportages qu'il produit correspondent à la vocation de service public de la chaîne . « En France, la laïcité garantit la pluralité, cette dernière est inscrite dans la loi, ce qui permet à l'ensemble des confessions et des religions de proposer leur regard sur la société ».
Mais faut-il que les émissions religieuses adoptent un profil bas pour se fondre dans le paysager médiatique ? Alain Normand, responsable de l'agence Media Communication Evangélique à Couvet, qui diffuse des moyens audiovisuels, estime pour sa part qu'il vaut mieux prendre le risque de n'être compris que d'un petit nombre, plutôt que de chercher à s'adapter à tout prix, à diluer le message qu'on veut faire passer pour rejoindre le plus grand nombre de téléspectateurs, « au risque que l'Evangile ne soit plus du tout compris dans son essence ».
A sa façon, le palmarès du 20ème Prix Farel apporte un élément de réponse : le jury a renoncé cette année à décerner un prix dans la catégorie des émissions dites « profanes », déplorant leur manque de rigueur. une façon de souligner et de saluer le professionnalisme et la liberté des producteurs, réalisateurs et journalistes au service des Eglises. Et de défendre en quelque sorte les émissions dites "religieuses". Le jury a confirmé son opinion en décernant une mention à une autre émission , également " religieuse", produite cette fois-ci par Présence Protestante , «Les gros mots de la foi : la grâce », diffusée sur France 2. Ce film de 30 minutes cherche à cerner ce que signifie la notion de « grâce » et en propose une définition artistique, philosophique, poétique et théologique. Un travail remarquable accessible à tous les publics, à mille lieues des sermons des télévangélistes.