Chapelle de Bémont à la vallée de La Brévine : « Cherchons bancs d’église confortables »

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Chapelle de Bémont à la vallée de La Brévine : « Cherchons bancs d’église confortables »

15 juillet 2004
« La chapelle de Bémont, près du lac des Taillères dans la Vallée de la Brévine, recherche des bancs qui soient moins inconfortables que ceux qu’elles possède actuellement »
L’annonce parue dans le bulletin de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) du 27 juin n’est pas un gag. Les paroissiens de la La Vallée de la Brévine trouvent décidément bien rudes et raides les deux planches de sapin assemblées à l’équerre sur lesquels ils s’assoient un dimanche sur quatre. Pendant les deux ans qu’ont duré les travaux de réfection du temple de La Brévine en vue de la célébration de ses 400 ans, le culte a été régulièrement célébré à la chapelle de Bémont sous la citation peinte sur l’un des murs pour accueillir le fidèle : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais lui qui nous a aimés ».

On y a provisoirement entreposé les bancs, plus confortables, du sanctuaire du village, ce qui ne résoud pas le problème, car il va falloir les réinstaller dans leur église d’origine et retrouver les anciens, faits pour la redresse plutôt que le recueillement.

Le pasteur du lieu, René Perret, dont la cure jouxte l’endroit le plus « sibérien » du village en hiver, situé à 1046 m. d’altitude, - on y enregistre les températures les plus basses de toute la Suisse -, a eu l’idée de lancer cet appel. A l’heure où certaines églises désaffectées sont aménagées en café, magasin ou salle de spectacle, il y a peut-être des chaises inutilisées et empilées dans une resserre. Des sièges à prendre en somme pour remplacer ceux, calamiteux, en place.

A La Brévine, on ne mâche pas ses mots : « Les bancs sont tout simplement atroces ». Avec la même franchise, les paroissiens qui s’apprêtent à fêter les 30 et 31 octobre prochains les 400 ans de leur église à travers toutes sortes de manifestations, disent leur attachement à la tradition, à la figure traditionnelle du pasteur, à la continuité, ce qui les a fait se prononcer largement contre la réorganisation EREN 2003.

« Les protestants deviennent-ils plus douillets ? ». René Perret s’étonne de la réputation d’austérité faite aux réformés. « Des bancs qui ne soient pas une punition, ce n’est quand même pas un luxe ! ». Il avoue ne pas avoir véritablement éprouvé l’inconfort des planches puisqu’il officie debout dans la nef ou en chaire, aussi bien dans la petite chapelle de Bémont, entre pâturages et lac, que dans son temple, qui, grâce à une restauration judicieuse et un sérieux décapage des boiseries de la galerie et des colonnes en sapin, a acquis une lumière qu’il n’avait pas autrefois. Elle met en valeur la citation peinte sur l’un des murs pour accueillir le fidèle : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais lui qui nous a aimés ».