Le message du pape aux jeunes

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Le message du pape aux jeunes

4 juin 2004
Alors que Jean-Paul II rencontrera les jeunes catholiques suisses samedi, un petit livre regroupe l’essentiel du message qu'il leur a adressé depuis le début de son pontificat
Eclairages. Le pape arrive en Suisse. Les polémiques qui entourent cette première visite du Saint Père depuis 20 ans - les catholiques du pays dénonçant certaines raideurs théologiques du Saint-Siège ; et les réformés fâchés de voir Berne accréditer un ambassadeur au Vatican - occultent quelque peu le vrai sens de l’événement. Car c’est avant tout pour parler aux jeunes catholiques qui l’ont invité que Jean-Paul II sort de neuf mois de maintien à domicile, non pour saluer des autorités ecclésiales ou politiques. La rencontre avec les jeunes catholiques suisses, samedi en fin d’après-midi à Berne, constitue donc bien le point d’orgue de ce déplacement qui peut être qualifié de pastoral.

Et que leur dira donc le pape ? Avec un timing choisi, les éditions Saint-Augustin sortent un petit livre* qui rassemble l’essentiel des messages que Jean-Paul II leur a adressé depuis le début de son pontificat. Le pape leur rappelle ainsi qu’ils sont « l’espérance et l’avenir de l’Eglise ». Répondant à l’angoisse d’une génération que l’on dit en perte de repères, le pape note que « Dieu a créé le monde solidaire, et le monde en use, pour le meilleur et pour le pire ». Les exhortant à ne pas négliger « l’irrésistible force qui les pousse vers l’avenir », il leur demande aussi : « Ne vivez pas à la surface de vous-même, mais en profondeur. Découvrez la dimension profonde de la personne humaine : les ressources de votre cœur, la valeur des autres, le sens des événements ». Appel à la solidarité et à la responsabilitéJean-Paul II encourage les jeunes à devenir pleinement humain, en se montrant solidaire avec les générations précédentes comme avec ceux qui souffrent. « L’homme vaut pour ce qu’il est, avant de valoir pour ce qu’il fait ou possède », et la société de consommation qui replie chacun sur soi pour sa satisfaction immédiate « n’est pas le monde que vous voulez ! Ce serait un homme désespérant qui vide l’homme de toute signification ». Au contraire, « le Christ nous demande de ne pas rester indifférent devant l’injustice, de nous engager de manière responsable dans la construction d’une société meilleure ».

Espoir de l’Eglise, la jeunesse est aussi l'espoir du monde, qu’il s’agit de transformer dès aujourd’hui : « Ensemble, travaillez avec vos mains, avec votre cœur, votre intelligence et votre foi à créer un monde nouveau où il soit vraiment possible pour tous de s’épanouir ». Avec malice, le Saint Père encourage le adolescents, si critiques envers la société de consommation, à un peu d’introspection : « Mais vous, demandez-vous quel sens vous donnez au gain, à la possession des richesses. Etes-vous libres par rapport à l’argent ? », s’exclame-t-il, motivant les jeunes à « rester la conscience critique de la société » et à développer « des initiatives de solidarité humaine et chrétienne. Parce qu’il ne suffit pas de dénoncer, il faut s’engager soi-même ». Un Evangile exigeantMême brièvement, l’ouvrage ne fait pas l’impasse sur les propos, visiblement beaucoup moins nombreux, que le pape a consacrés aux critiques adressées à l’institution ecclésiale. Jean-Paul II ne le nie pas : beaucoup ne se reconnaissent pas en elle, « édifice trop large, construit par d’autres dans un style différent du vôtre ». « La lumière qui l’éclaire, vous la trouvez coupée par trop de pans d’ombre », et la communauté est encore loin de former le miroir parfait qui refléterait tout le visage du Christ ». Mais, propose également le pape, « ne vous érigez pas en juge et ne parlez pas de l’Eglise comme d'une personne extérieure. L’Eglise, c’est vous, c’est nous tous. (…) Si nous aimons ceux qu’elle rassemble, nous pourrons chercher et trouver avec elle des formes de vie nouvelle, un langage vrai ».

Quant aux interdits sexuels, aux lois morales promulguées par l’Eglise, ils correspondent pour Jean-Paul II à la compréhension d’un Evangile comme « conversion radicale des cœurs » ; l’être humain ne se réalisant pleinement que lorsqu’il sait accepter « les exigences qui lui viennent de sa dignité d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ». Un véritable testament spirituel, reflétant bien un pontificat marqué par autant d’ouvertures et d’initiatives courageuses que d’autoritarisme et de blocages. UTILE "A Vous les Jeunes !, Paroles d’un père spirituel" , éditions Saint-Augustin